Nez Rouge dans les starting-blocks

L’opération Nez Rouge débute ce vendredi 8 décembre et se poursuit jusqu’au 31 décembre. La section neuchâteloise a installé son antenne dans l’abri STPA à Cortaillod, son nouveau repaire depuis l’an dernier.

Les membres du comité d'organisation de Nez Rouge, prêts à rapatrier à bon port les gens durant le mois de décembre. Ici, avec leur mascotte. Photo: Nadja Hofmann

Depuis l’année passée, les bénévoles de Nez Rouge ont établi leurs quartiers à Cortaillod, sous Littoral Centre, dans l’abri STPA. «Ce lieu nous est mis à disposition par la Commune de Cortaillod. Avec des places de parc à profusion, la proximité de l’autoroute, et des locaux spacieux qui peuvent accueillir une centaine de personnes, nous pouvions difficilement trouver mieux», explique Jean-Marc Colin, président du comité d’organisation.

Cette joyeuse «colonie de vacances» va passer du temps dans ces locaux les nuits du mois de décembre, car c’est depuis ce lieu névralgique que se déroule l’opération Nez Rouge. Première étape nécessaire pour prendre des forces avant une très longue nuit – qui se prolonge jusqu’à 4 h du matin les jeudis, vendredis et samedis, et jusqu’à 5 h 30 le 31 décembre – un bon repas chaud. «En début de soirée, les bénévoles ont droit à une assiette préparée sur place par Daniel, un ex-restaurateur et père d’un membre du comité. L’hôtel-restaurant des Tilleuls à Gorgier nous livre aussi des repas depuis plus d’une dizaine d’années.» Afin de tenir la distance, cafés bien sucrés et boissons seront servis tout au long de la nuit. Mais l’adrénaline et la bonne ambiance qui règnent au sein des équipes sont encore les meilleurs remontants! D’ailleurs, les jeux de société pour tuer les temps morts sortent rarement de leurs cartons. «Nous sommes de plus en plus sollicités. Contrairement à il y a quelques années, il n’y a plus de soirées à zéro sortie. Nez Rouge est entré dans les mœurs», précise David Aimone, le caissier de la structure. La loi via sicura semble avoir un impact sur les jeunes conducteurs qui mettent volontiers à contribution ce service gratuit. «Depuis deux ou trois ans, nous avons des bénévoles et des utilisateurs plus jeunes.» Pour occuper les 500 plages horaires du mois de décembre, il faut du renfort. «Nous employons environ 200 bénévoles, dont deux tiers d’habitués, tous des gens de la région.»

Des rôles bien définis

À quelques jours du coup d’envoi de l’opération qui ramène à bon port des gens partis avec leur véhicule et ne se sentant pas capables de rentrer à la maison par leurs propres moyens, le comité d’organisation met en place l’infrastructure nécessaire au bon fonctionnement de cette petite entreprise qui a fêté ses 25 ans l’année passée. Alain Müller, responsable technique, s’est occupé de l’installation du matériel informatique et des centrales téléphoniques. «Nous avons 4 lignes entrantes, qui permettent de recevoir les appels. Les téléphonistes remplissent les bons de commandes et les communiquent ensuite aux équipes déjà en route dans les voitures. L’idée est évidemment de rationaliser les trajets.»

Les rôles sont bien définis au sein de Nez Rouge. «Avant, les bénévoles passaient de la plonge au volant, ce qui n’est plus possible aujourd’hui. Tout est scindé. Dans tous les cas, le chef d’orchestre de la soirée est le «chef de soirée», un des 9 membres du comité. C’est lui qui prend les décisions qui s’imposent», précise Jean-Marc Colin, président de l’antenne neuchâteloise depuis 10 ans et bénévole depuis 15 années. Ce sapeur-pompier professionnel peut compter sur les mêmes bonnes volontés depuis une décennie. «Chacun met ses compétences au service de Nez Rouge. Nous sommes une équipe très soudée et solidaire.»

Il n’y a qu’à voir la bonne ambiance qui règne lors de la mise en place dans l’abri STPA pour en être convaincu. «C’est très convivial, nous plaisantons et nous rions beaucoup», ajoute Sarah Bochud, responsable sponsoring. Tout comme ses collègues, cette jeune infirmière gère plutôt bien le rythme agité qui l’attend aux alentours des fêtes de Noël. «Beaucoup d’entre nous, de par nos jobs aux horaires irréguliers, sommes déjà habitués aux horaires de nuit. Pour contrer les coups de pompe, nous avons nos petits trucs, en ce qui me concerne du chocolat!»

Une clientèle reconnaissante

Les membres du comité d'organisation de Nez Rouge Dans le local, à Cortaillod, où est installée la centrale technique, centre névralgique de l'opération. Photo: Nadja HofmannLe concept est bien rodé: dès les premiers appels téléphoniques, une équipe se met en route dans un des véhicules de la flotte à disposition, notamment des voitures Viteos et – nouveauté cette année – des Smart. Un des chauffeurs prend en charge le client pour le ramener à son domicile, toujours accompagné d’un bénévole, alors qu’un deuxième chauffeur Nez Rouge rapatrie la voiture à bon port également. De l’avis général, la clientèle est plutôt agréable et reconnaissante pour ce service gratuit. Les pourboires sont néanmoins les bienvenus, d’autant plus qu’une partie est reversée à une bonne œuvre. Cette année, ce sera ANeDiT (Association neuchâteloise des dialysés et transplantés).

Certaines nuits sont plus chargées que d’autres, notamment les soirs de Noël et du réveillon. Là, il vaut mieux s’armer de patience pour les usagers de Nez Rouge. «Nous ne pouvons pas être là dans la minute. Nous avons un certain nombre de véhicules et on ne peut pas faire de miracle. Selon la localisation des équipes, il y a un temps d’attente plus ou moins long. Il faut que les gens comprennent que nous offrons un service, nous ne sommes pas des taxis.»

Les membres du comité ont toutes et tous des anecdotes drôles – ou pas – en tête. «Une année, j’ai réveillé le client une fois arrivé à destination. Là il m’a dit, non c’est pas là que j’habite. C’est l’adresse de mon ex-femme!», raconte avec amusement le président du comité. Le point noir reste les conditions météorologiques. «Je me rappelle qu’une année j’avais passé l’après-midi à chaîner les véhicules. La neige rajoute un stress en plus.» En cas de pluie givrante, Nez Rouge peut aussi suspendre momentanément les courses. «Nous ne prenons pas le risque de mettre en danger nos bénévoles. Nous attendons que la voirie ait bien dégagé et salé les routes du canton.»

Article et photos: Nadja Hofmann

Article du Littoral Région du 8.12.2017, n° 4578
Source: Site du Littoral Région
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